La punaise de lit : Tout ce que vous devez savoir du point de vue biologique

Dans cet article vous trouverez l’essentiel de ce qu’il y a à savoir sur les punaises de lit d’un point de vue biologique. Si vous êtes actuellement en consultation avec un patient victime de punaises, vous pouvez consulter notre guide de consultation pour punaises de lit.

Le portrait-robot de la punaise de lit

La punaise : un insecte de plus en plus présent dans notre quotidien

Le nombre d’infestations de punaises de lit est en constante augmentation en France et plus généralement dans l’ensemble des pays développés, depuis le début des années 90. Faute de chiffres officiels, il est difficile de quantifier précisément cette augmentation. Cependant d’après le CS3D (Chambre Syndicale 3D), le nombre d’infestations de punaises de lit est passé de 200 000 en 2017 à plus de 540 000 en 2019.

Bien que ce soit un des parasites les plus anciens de l’Homme, la punaise de lit avait quasi disparue de notre quotidien entre 1950 et 1990, mais l’arrêt de l’utilisation d’un certain nombre d’insecticides cancérigènes comme le DDT, l’augmentation des échanges internationaux et le développement de résistances génétiques ont accéléré la propagation des punaises, en particulier dans les grands centres urbains.

Les 4 sources d’infestations les plus courantes sont :

  • Les voyages, par exemple avec un séjour dans un airbnb ou un hôtel touché.
  • La transmission entre proches par exemple lors d’un diner.
  • La transmission entre voisins en particulier dans le cas d’infestations très importantes.
  • La récupération ou l’achat de secondes mains d’un objet ou d’un vêtement infesté de punaises de lit.

Mais bien d’autres sources d’infestation de punaises existent (cinéma, déménagement, livraison de meuble neuf issu d’un entrepôt infesté …) et il est parfois compliqué d’identifier précisément l’élément déclencheur.

La punaise : un insecte nocturne

La punaise de lit, ou cimex lectularius est un insecte nocturne qui dans un contexte d’infestation modéré va se déplacer et se nourrir quasi exclusivement de nuit. Sa petite taille d’à peine 5mm à l’âge adulte et sa très faible épaisseur (moins d’1mm) lui permet de se réfugier dans le moindre interstice durant la journée (plinthe, structure du sommier, lattes de parquet…). Cela rend son identification particulièrement complexe durant les 2 premiers mois d’une infestation lorsque les punaises sont très peu nombreuses.

La punaise : un insecte qui choisit ses victimes

La punaise de lit est par ailleurs exclusivement hématophage, elle doit réaliser des repas sanguins tous les 4 à 10 jours tout au long de sa vie. Elle choisit ses cibles en fonction d’un certain nombre de critères :

  • Leur immobilité : en effet, les puces de lit font des repas sanguins assez longs de 10 à 20mn en moyenne. Les patients qui ne bougent pas ou peu dans leur sommeil sont donc souvent plus piqués que leur conjoint.
  • Leur odeur : les punaises de lit identifient leurs cibles grâce à leur odorat, elles sont particulièrement sensibles au CO2 émis par les humains.
  • D’autres critères comme la température corporelle ou encore le niveau de pilosité peuvent aussi entrer en ligne de compte.

La diversité des critères de sélection de leur hôte peut donc expliquer que lors d’une infestation de punaises de lit seulement une personne soit victime de piqûres dans la famille. Par ailleurs environ 30% de la population ne développe pas de réactions allergiques lors de la piqûre de punaise. Malgré les attaques répétées, elles n’ont donc ni boutons, ni papules et très peu de moyens d’identifier rapidement une infestation de punaises.

La biologie de la punaise de lit

La punaise de lit : un cycle de vie particulièrement efficace

La principale force des punaises de lit, et ce qui explique la complexité des protocoles d’éradication résident dans sa biologie et son mode de reproduction.

En effet, il s’écoule à peine 6 semaines entre la ponte des œufs et leur arrivée à l’âge adulte. Au cours de cette période la punaise de lit va passer par 5 stades de développement pour passer de l’état d’œuf à celui de nymphe, jusqu’à être un ou une adulte en capacité de se reproduire.

Après une seule fécondation, une punaise de lit femelle sera en mesure de pondre de 4 à 15 œufs par jour pendant les 6 à 24 mois de son existence. En moyenne une femelle adulte pondra entre 200 et 500 œufs au cours de sa vie. Lors de l’éradication, si une seule femelle survit au traitement, cela suffira donc à faire redémarrer l’infestation. Vous pouvez en apprendre plus sur les différentes méthodes d’éradication des punaises de lit sur notre article dédié.

Par ailleurs les punaises de lit peuvent survivre jusqu’à 18 mois dans un état de dormance si elles sont privées d’accès à une source de nourriture (maison inoccupée, sac de linge non traité fermé…)

La punaise de lit : sa constitution

Les punaises de lit sont des hémiptères de la famille des Cimicidae. Deux grandes familles existent : la plus courante en France, la Cimex Lectularius et un autre plus rare, la Cimex hemipterus. À l’œil nu les deux espèces sont presque impossibles à différencier.

Elles sont composées de 3 parties : la tête sur laquelle se trouve le rostre qui leur permet de piquer, le thorax et enfin l’abdomen. Pour passer d’un stade de développement à un autre, la punaise de lit doit muer. Il n’est donc pas rare de trouver de petits restes de mues jaunâtres chez les personnes touchées. Pour en savoir plus sur les indices de la présence de punaises que vos patients peuvent trouver chez eux, vous pouvez lire notre article à ce sujet.

Les risques médicaux associés à une infestation de punaise de lit

La punaise de lit est dans la grande majorité des cas responsable de symptômes bénins de type bouton et prurit (voir ci dessous). Cependant, même si la punaise de lit n’est pas porteuse d’agents infectieux, dans certains cas vos patients peuvent développer des pathologies plus graves.

Soit en raison des piqûres, qui peuvent par exemple conduire à des réactions allergiques cutanées à type d’érythème, d’eczéma, d’urticaire ou encore à des complications locales infectieuses liées au prurit avec surinfection bactérienne  à type d’impétiginisation, dermohypodermite bactérienne, fascine nécrosante, voir généralisée avec des septicémies à point de départ cutané.

Soit en raison de l’impact psychologique de l’infestation avec des troubles anxieux ou des syndromes dépressifs*. Nous avons consacré un article complet aux symptômes des punaises de lit, aux risques de complication et à leur prise en charge médicale.

*Source : Brouillard, Frédérique, Kaiser, David, Perron, Stéphane (2017). Exploration de l’effet de la salubrité du logement et de l’environnement bâti sur la santé mentale et le bien-être