Guide de consultation pour les punaise de lit

Pour vous guider lors de votre consultation: Vous retrouverez ci dessous toutes les questions et conseils essentiels contre les punaises de lit


Punaises de lit : Diagnostiquer et soulager en 4 étapes


1- Identifier et soulager les symptômes physiologiques courants des punaises

Le symptôme le plus courant de la présence de punaises de lit reste l’apparition de lésions cutanées liées aux piqûres.

Ces lésions peuvent être d’aspects variés en fonction de la sensibilité du patient.

Elles peuvent ne susciter absolument aucune lésion pour environ 30% des individus ou aller jusqu’à un purpura avec lésions vésico bulleuses sévères pour les patients les plus allergiques (voir les photos ci-dessous).

Dans le cas le plus courant on observe de petites lésions rouges de 1 à 3mm qui peuvent ressembler à des piqûres de moustiques, ces lésions sont la plupart du temps planes ou ayant peu de relief. Elles apparaissent la plupart du temps sur des zones découvertes entre 12 et 24h après la piqûre.

Ces lésions qui vont du simple bouton à des pustules de plusieurs centimètres de diamètre peuvent être particulièrement désagréables surtout si la réaction allergique de votre patient à la piqûre est forte et les démangeaisons intenses.

Afin d’éviter tout risque de complication, dans le cas de symptômes bénins, 3 traitements symptomatiques peuvent être prescrits :

  • Pour éviter la surinfection : Une désinfection des lésions avec des antiseptiques locaux*
  • Pour limiter le prurit : Un traitement par des antihistaminiques*
  • Pour limiter les démangeaisons : des dermocorticoïdes* (en crème ou en pommade) même si un risque de macération peut exister.

Attention : les antihistaminiques en limitant la réaction aux piqures peuvent aussi compliquer le travail du patient lorsqu’il va devoir confirmer que les traitements réalisés dans son logement ont bien fonctionnés. Sauf dans le cas de réactions allergiques violentes, il est donc recommandé d’arrêter le traitement antihistaminique une fois le traitement de l’appartement démarré.

Vous trouverez ci dessous les références des principales études concernant les lésions cutanées. Pour consulter l’ensemble des études de référence sur le sujet et en savoir plus sur la prise en charge des symptômes des punaises de lit vous pouvez lire notre article dédié.

Heukelbach J, Hengge UR. Bed bugs, leeches and hookworm larvae in the skin. Clin Dermatol, 2009, 27:285-290.

Goddard J, deShazo R. Bed bugs (Cimex lectularius) and clinical consequences of their bites. JAMA, 2009, 301:1358-1366.

Kolb A, Needham GR, Neyman KM, High WA. Bedbugs. Dermatol Ther, 2009, 22:347-352.

*Si vous êtes patient, consultez votre médecin traitant, ne pratiquez pas l’automédication.


2- Confirmer la suspicion de punaises lors de l’interrogatoire

Au vue de la diversité des réactions, un simple examen physique ne permet donc pas de conclure à une infestation de punaises de lit. En cas de suspicions, cet examen doit être accompagné d’un interrogatoire avec les questions suivantes :

  • Est-ce que le patient a été dans une situation à risque évidente dans les semaines qui ont précédé le début des symptômes, (Voyage, proches touchés, voisin touché, achats d’occasion, récupération …) ?
  • Est-ce que le rythme de piqûre semble s’accélérer ? Au vue du cycle de reproduction rapide des punaises, après une période calme de 4 à 6 semaines au début de l’infestation, les piqûres vont ensuite en s’accélérant à mesure que la population d’insecte croît.
  • Est-ce que les autres habitants du logement constatent aussi des piqûres ? Attention dans la mesure où 30% des patients ne réagissent pas aux piqûres et que dans certains cas les punaises ne sont présentes que dans une pièce, une seule personne peut avoir des symptômes.
  • Ont-ils vu des traces de la présence de punaises de lit dans leur logement ? En effet après 6 à 8 semaines d’infestations, certaines traces commencent à apparaitre dans le logement de vos patients, nous les détaillons avec des photos dans la section suivante.

S’il est toujours impossible de poser le diagnostic de manière concluante suite à ces interrogations, 3 options sont possibles :

  1. Recommander à votre patient d’inspecter son logement de manière détaillée à la recherche de traces de la présence de punaises (vous pouvez leur communiquer un lien vers la page pour vos patients). Si cette inspection n’est pas concluante, soit attendre quelques jours/semaines et répéter l’inspection
  2. Soit faire intervenir une détection canine des punaises de lit, en effet des maîtres-chiens sont désormais spécialisés dans la détection des punaises chez les particuliers.

3- Faire inspecter leur domicile par vos patients

Outre les piqûres, la présence de punaises de lit s’accompagne après quelques semaines d’infestation de traces visibles au domicile de vos patients. En règle générale, ces traces ne sont visibles à l’inspection qu’après une période d’au moins 6 à 8 semaines d’infestation, en deçà la très faible quantité de punaises présentes rend la détection visuelle extrêmement complexe, voire impossible.

Un tutoriel d’explication plus complet est disponible sur la page dédiée aux traces de punaises de lit au domicile de vos patients et un tutoriel d’inspection sur la page « pour vos patients » vous pouvez leur en communiquer le lien.

L’inspection visuelle va se concentrer en premier lieu sur les petits interstices aux abords des lieux où se tiennent vos patients le soir et la nuit (les canapés, les lits, les tables de chevet…) Votre patient pourrait identifier 3 types d’indices de la présence de punaises :

  1. Des punaises de lit à différents stades de développement.
  2. Des déjections, qui ressemblent à de petites tâches d’encre noires, comme si un stylo plume avait été agité.
  3. Des restes de mues, translucides et jaunâtres, les punaises les abandonnent à chaque fois qu’elles passent un stade de développement.
  4. Des œufs, qui ressemblent à de petits grains de riz translucides d’environ 1mm.

Les photos d’illustration ci-dessous sont celles d’infestations déjà très avancées pour faciliter la visualisation. Fort heureusement, dans la plupart des cas, les infestations sont prises en charge bien avant d’atteindre ce niveau :


4- Prévenir les risques de pathologies plus graves

Les infestations de punaises de lit évoluent de plus en plus souvent vers des pathologies plus graves. Il est important de les avoir en tête afin de pouvoir prévenir au maximum leur apparition chez vos patients.

Du fait des démangeaisons ou d’une réaction allergique plus forte, les boutons peuvent évoluer vers un purpura avec lésions vésico-bulleuses sévères, des atteintes des muqueuses et/ou du visage, des réactions allergiques eczématiformes ou urticaformes, toutes pouvant conduire à des cicatrices et des séquelles esthétiques.

En cas de mauvaise prise en charge de l’infestation à leur domicile et d’accélération du rythme de piqûre, les réactions allergiques peuvent évoluer vers des complications plus graves : comme des réactions inflammatoires systémiques avec des réactions bulleuses généralisées, des réactions anaphylactiques IgE-médiées, des surinfections bactériennes du fait des démangeaisons.

Dans ce type de cas, une prescription d’antihistaminiques sera indispensable pour éviter l’aggravation des symptômes.

Toujours dans le cas d’une infestation forte et mal contenue, des cas d’anémie ferriprive ont été signalés, une supplémentation en sel de fer peut alors être envisagée.

Enfin l’impact psychologique de l’infestation ne doit pas être sous-estimé. De nombreux patients souffrent de troubles psychologiques phobiques parfois plusieurs mois après l’élimination des punaises. Les patients y faisant face sont 5 fois plus exposés à des troubles anxieux et dépressifs*.

Des insomnies, des troubles anxieux, des syndromes dépressifs, de l’isolement social ou la décompensation de pathologies préexistante sont donc possibles.

Dans ce cas la prescription d’anxiolytiques peut être envisagée, par exemple l’hydroxyzine (ATARAX et ses génériques), dont l’action antihistaminique et l’effet sédatif seront complémentaires. Pour les cas les plus graves, une prise en charge psychiatrique peut être nécessaire.

Pour consulter les études de référence sur le sujet et en savoir plus sur les risques de complications physiques et psychologiques liés aux punaises de lit et à leur prise en charge, vous pouvez lire notre article dédié.

*Brouillard, Frédérique, Kaiser, David, Perron, Stéphane (2017). Exploration de l’effet de la salubrité du logement et de l’environnement bâti sur la santé mentale et le bien-être


Punaises de lit : Les différents modes d’éradication, les bons conseils, le financement


Les différents modes d’éradication des punaises de lit

Il existe 2 grandes familles de traitement professionnel contre les punaises de lit :

Les traitements chimiques : ils durent environ un mois avec 2 ou 3 pulvérisations d’insecticides, c’est le traitement le moins coûteux et le plus utilisé (pour 50m2 : +/- 350€)

Contre-indications : si votre patient souffre de troubles respiratoires (BPCO, Asthme…) ou si des femmes enceintes et/ou des enfants en bas âge occupent le logement, ce mode de traitement n’est pas idéal.

Les traitements thermiques : il en existe 3, leur taux de succès est le même que celui des traitements chimiques, mais ils sont efficaces dès le jour de l’intervention et ne requièrent pas l’utilisation d’insecticides. En revanche ils sont plus coûteux :

1- Les traitements vapeur sont les plus abordables, mais ils fonctionnent mal dans les appartements anciens ou complexes. (50m2 : +/- 500€)

2- Les traitements par cryogénisation utilisent de la neige carbonique à -78°C pour éliminer les punaises et fonctionnent aussi bien dans l’ancien que dans le moderne. (50m2 : +/- 900€)

3- Enfin les traitements par canon à chaleur sont les plus chers, mais ils ne nécessitent pas de traiter le linge et les affaires en parallèle. (50m2 : +/- 2000€)

Le prix des traitements et leur disponibilité varient énormément en fonction du département et de la surface concernée. Pour voir quels traitements contre les punaises sont adaptés pour votre patient et estimer leur tarif, vous pouvez utiliser cet outil.

Attention :

  • Sauf dans le cas d’une infestation extrêmement récente (moins de 3 à 4 semaines) les traitements maisons sont à proscrire, ils sont coûteux et au mieux inefficaces voir contreproductifs.
  • Le respect des protocoles et le traitement du linge est clé pour le succès du traitement. Même lorsque tout est bien fait, le taux d’efficacité d’un traitement est d’environ 80%. Il existe des entreprises spécialisées dans la prise en charge du linge lorsque la tâche semble insurmontable.
  • Le choix de l’entreprise doit être fait avec vigilance, nombre de charlatans profitent de cette situation de détresse.

Pour en savoir plus sur les différents modes de traitement contre les punaises de lit, leurs forces, leurs faiblesses et leurs contre-indications, vous pouvez consulter notre article dédié.


Les bons conseils à donner à votre patient

Nous avons regroupé toutes les informations et liens utiles sur la page « pour vos patients » afin que ces derniers puissent la parcourir après la consultation.

Cependant il est indispensable de donner quelques conseils à vos patients afin de vous assurer d’une prise en charge sérieuse et efficace du problème dans le cas d’une suspicion ou d’un diagnostic confirmé de punaises de lit :

  1. Ne pas se précipiter. Se débarrasser des punaises de lit relève plus du marathon que du sprint. Mieux vaut attendre quelques jours pour bien préparer le terrain et choisir un prestataire de traitement fiable au protocole éprouvé plutôt que de tout faire à moitié dans la précipitation.
  2. Ne pas trop trainer non plus. Les punaises de lit se reproduisent très rapidement il ne faut donc pas les laisser proliférer pendant plusieurs semaines.
  3. Être extrêmement rigoureux et bien respecter les protocoles de traitement (traitement du linge, préparation de l’appartement, rester sur place lors du traitement, …). Les punaises de lit sont coriaces et un protocole mal respecté est souvent à l’origine d’un traitement qui ne fonctionne pas.
  4. Attention à ne pas infester des proches ou des voisins. On évite de se rendre chez des proches avec des affaires non traitées, on évite de recevoir, et on ne jette pas de meubles ou d’affaires sans les avoir au préalable enfermés hermétiquement.
  5. Ne pas s’isoler. Effectivement il faut prendre des précautions avant de voir des proches (laver ses vêtements à 60°C, éviter les sacs…) mais l’isolement durant cette période longue peut avoir des effets délétères et conduire à des complications sur le plan psychologique.
  6. Attention aux vendeurs de rêves et aux solutions « miracles » : le protocole d’élimination des punaises est effectivement lourd, long et complexe, mais c’est malheureusement par ce qu’il est impossible de faire autrement.
  7. Ne pas se lancer dans des traitements maison coûteux et inefficaces dans la quasi-totalité des cas. Malheureusement le recours à un professionnel est presque incontournable. Des solutions existent pour la prise en charge financière des traitements, nous l’évoquons dans la section suivante.

La prise en charge financière des traitements contre les punaises

Le cas général :

Le sujet de la prise en charge financière du traitement professionnel des punaises de lit peut être central pour de nombreux patients. De manière générale :

  1. Si votre patient est propriétaire de son logement : le traitement est à sa charge
  2. Si votre patient est locataire de son logement : Le traitement est entièrement à la charge du propriétaire sauf s’il est en mesure de prouver que le locataire est responsable de l’infestation. La loi en question est la loi ELAN de 2018, cependant le texte étant assez récent les modalités d’application (et en particulier les preuves retenues pour prouver la culpabilité du locataire) ne sont pas encore claires. Quoi qu’il en soit si le propriétaire est récalcitrant, mieux vaut engager les traitements et en demander ensuite le remboursement pour éviter que la situation ne devienne incontrôlable.
  3. Si tout l’immeuble ou plusieurs appartements sont infestés : le syndic peut prendre la main. C’est même souhaitable dans la mesure où dans ce cas de figure mieux vaut une action coordonnée pour éviter un « ping-pong » entre les différents appartements.
  4. Pour les personnes en situation de précarité, des aides sont possibles, nous les abordons dans le bloc suivant.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article dédié à la prise en charge financière du traitement contre les punaises de lit.

Pour les personnes en situation de précarité

Malheureusement il n’existe pas à ce jour de dispositif d’accompagnement national pour la prise en charge des punaises de lit chez les personnes en situation de précarité, cependant de plus en plus de communes proposent désormais des dispositifs.

La première étape si votre patient est locataire est bien sûr de se tourner vers son propriétaire ou son bailleur.

Si ces derniers ne prennent pas les choses en main, il faut alors se tourner vers l’assistante sociale qui pourra soit faire pression sur le bailleur, soit orienter votre patient vers les dispositifs existants à l’échelle de la ville ou du département.


Punaises de lit : les essentiels à connaitre


La punaise de lit : l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur sa biologie

La punaise de lit est un insecte nocturne hématophage qui pique tous les 4 à 10 jours. Au début d’une infestation, elle est presque invisible en journée puisqu’elle reste cachée dans de petits interstices (plinthes, structures des lits et canapés…)

Les éléments clés à retenir :

  • La punaise de lit ne pique pas forcément tous les habitants du logement et certaines personnes n’ont pas de réactions cutanées après la piqûre.
  • Les infestations de punaises de lit sont de plus en plus nombreuses chaque année et en particulier dans les grands centres urbains : 72 000 consultations médicales pour le motif punaises de lit en 2020
  • Les punaises de lit sont particulièrement complexes à éradiquer, elles se reproduisent très vite (5 à 15 œufs/jours)
  • Elles peuvent survivre près de 18 mois sans manger
  • En 6 semaines l’œuf est devenu une adulte en mesure de se reproduire.
  • La piqûre ne transmet pas de maladies, mais de nombreuses pathologies sont associées à la présence de punaises de lit, allant de l’apparition de prurit érythémateux et maculopapuleux résultant de la piqûre jusqu’à des troubles psychiatriques phobiques (insomnies, dépressions, paranoïa…)

Pour en savoir plus sur les punaises de lit d’un point de vue biologique et médical, vous pouvez consulter notre article dédié.

Les bons réflexes après une consultation pour éviter l’infestation dans votre cabinet médical

Dernier point mais non des moindres de ce guide de consultation : quelles actions mettre en place suite à la consultation pour des punaises de lit pour éviter l’infestation du cabinet médical et potentiellement à terme d’autres patients ou de votre domicile ?

Deux types de configurations sont possibles :

  1. Soit les punaises de lit sont un motif de consultation assez rare dans votre patientèle. Dans ce cas vous pouvez louer de manière épisodique et le plus rapidement possible après la consultation un balai vapeur qui sera passé soigneusement dans la salle de consultation et dans la salle d’attente, en insistant en particulier sur les petits interstices (plinthes, lames de parquet disjointes…)
  2. Soit vous êtes confronté régulièrement à des patients victimes de punaises de lit, dans ce cas des mesures préventives plus permanentes peuvent être prises. D’une part l’investissement dans un balai ou une machine vapeur spécifique pour permettre le traitement juste après le départ des patients. D’autre part la mise en place de caisses en plastique pour vos affaires (mallette, sac à dos…) et éventuellement celles des patients touchés, et ce afin d’éviter de véhiculer des punaises jusqu’à votre domicile en cas d’infestation du cabinet.