Dans cet article vous trouverez l’essentiel de ce qu’il y a à savoir sur les symptômes des punaises de lit et leur prise en charge. Si vous êtes actuellement en consultation avec un patient victime de punaises, vous pouvez consulter notre guide de consultation pour punaises de lit.
Les punaises de lit : Les symptômes bénins et leur prise en charge (lésions cutanées, prurit, urticaire…)
La punaise de lit n’est pas un vecteur de maladies sauf dans de très rares cas. La plupart du temps sa présence se manifeste par des symptômes légers consécutifs aux piqûres de l’insecte.





Bien que ce ne soit pas vrai pour tous les patients, le symptôme le plus rependu de la présence de punaises de lit reste l’apparition de boutons qui peuvent démanger ou non selon les cas.
Ces boutons peuvent avoir des aspects très variables d’un patient à l’autre en fonction de la force de la réaction allergique à la piqûre de punaise. La réaction cutanée peut aller d’une microscopique morsure qui disparait en quelques minutes pour les personnes les moins réactives, jusqu’à une pustule de plusieurs centimètres de diamètre pour les personnes les plus allergiques. La réaction la plus courante reste l’apparition de lésions érythémateuses et prurigineuses de 5mm à 2 cm de diamètres qui sont le plus souvent maculeuses, papuleuses ou maculo-papuleuses.

Ces boutons sont souvent groupés et en ligne, une topographie préférentielle pour les zones découvertes au moment de la piqûre. Cependant ce n’est pas automatique et dans le cas d’une infestation encore récente les piqûres sont plus sporadiques et donc plus éparses. Le diagnostic de punaise de lit est donc complexe à poser de manière certaine uniquement sur la base des symptômes physiques. Vous pouvez lire notre article sur le faisceau d’indice qui corroborent le diagnostic de punaise.
Dans le cas de symptômes bénins, 2 traitements symptomatiques des lésions sont possibles :
- Une désinfection des lésions avec des antiseptiques locaux.*
- Limiter le prurit par des antihistaminiques et/ou des dermocorticoïdes (en crème ou en pommade) même si un risque de macération peut exister.*
*La prise de ces médicaments ne doit en aucun cas se faire par automédication et doivent être prescrit par un médecin dans les suites d’une consultation médicale
Les punaises de lit : Les complications et leur traitement (purpura, dermohypodermite, troubles psychiatriques…)
Si les symptômes de la présence de punaise de lit sont la plupart du temps bénins, il ne faut pas négliger le risque d’évolution vers des pathologies plus lourdes qui peuvent être liées directement ou indirectement à l’infestation. Voici les principales par ordre croissant de gravité :
Les boutons de punaise de lit peuvent évoluer, du fait des démangeaisons ou d’une allergie exacerbée vers des réactions locales plus fortes et des lésions cutanées plus graves de type :
- Atteintes diffuses
- Des atteintes des muqueuses et/ou du visage particulièrement problématique chez les personnes âgées et les enfants en bas ages
- Purpura avec lésions vésico-bulleuses sévères.
- Des réactions allergiques cutanées à type d’érythème, d’eczéma, d’urticaire
- Des complications locales infectieuses liées au prurit avec surinfection bactérienne à type d’impétiginisation, dermohypodermite bactérienne, fascine nécrosante, voir généralisée avec des septicémies à point de départ cutané.
- Complications locales esthétiques liées au prurit qui peuvent créer des cicatrices avec de potentielles séquelle esthétiques chroniques.

Dans ce type de cas, une prescription d’antihistaminique* pourra être recommandée, d’autant que les effets secondaires de somnolence pourront aider à l’endormissement des patients. Par ailleurs des dermocorticoïdes* (en crème ou en pommade) sont envisageables pour apaiser les démangeaisons, même si un risque de macération peut exister.
Ces réactions allergiques fortes, si elles ne sont pas prises en charge, peuvent conduire à des complications plus graves de type :
- Réactions anaphylactiques ou anaphylactoides IgE-médiées en cas d’un nombre important de piqûres ou chez des personnes à risques
- Des réactions inflammatoires systémiques avec réaction bulleuse généralisée fébrile avec asthénie due à des piqûres répétées.
- Des complications infectieuses systémiques compliquant une surinfection locale cutanée.
Enfin de nombreux patients souffrent de troubles psychiatriques qui peuvent être variés même plusieurs mois après l’éradication des punaises de lit, incluant notamment :
- L’insomnie.
- Des troubles anxieux, dont des troubles phobiques.
- Des syndromes dépressifs pouvant pouvant s’accompagner dans certaines situations d’idées suicidaires.
- De l’isolement social.
- La décompensation de pathologie préexistante.
Dans ce cas des anxiolytiques peuvent être prescrits*, par exemple l’hydroxyzine (ATARAX et ses génériques), dont l’action antihistaminique et l’effet sédatif seront complémentaires pour apaiser les réactions allergiques et faciliter l’endormissement des patients. Dans les cas les plus graves, une prise en charge psychiatrique peut être nécessaire.
*La prise de ces médicaments ne doit en aucun cas se faire par automédication et doivent être prescrit par un médecin dans les suites d’une consultation médicale
Vous trouverez ci-dessous les différentes études de références sur les lésions cutanées et leurs évolutions possibles :
Heukelbach J, Hengge UR. Bed bugs, leeches and hookworm larvae in the skin. Clin Dermatol, 2009, 27:285-290.
Goddard J, deShazo R. Bed bugs (Cimex lectularius) and clinical consequences of their bites. JAMA, 2009, 301:1358-1366.
Kolb A, Needham GR, Neyman KM, High WA. Bedbugs. Dermatol Ther, 2009, 22:347-352.
Vous trouverez ci-dessous les différentes études de référence sur les impacts psychologiques et psychosociaux de la punaise de lit :
Brouillard, Frédérique, Kaiser, David, Perron, Stéphane (2017). Exploration de l’effet de la salubrité du logement et de l’environnement bâti sur la santé mentale et le bien-être
Susser, Stephanie & Perron, Stéphane & Fournier, Michel & Jacques, Louis & Denis, Geoffroy & Tessier, François & Roberge, Pasquale. (2012). Mental health effects from urban bed bug infestation (Cimex lectularius L.): A cross-sectional study. BMJ open. 2.
Jerome Goddard, PhD,a Richard de Shazo, MDb (2012). Psychological Effects of Bed Bug Attacks (Cimex lectularius L.)
La punaise de lit : un insecte qui n’est pas porteur d’agents infectieux
Par chance les punaises de lit, bien que particulièrement coriaces et désagréables, ne sont pas porteuses d’agents infectieux (ni de bactéries, ni de parasites, ni de champignons pas plus que de virus) contrairement aux moustiques ou aux tiques par exemple. Une souche de punaise de lit issue d’Amérique Latine peut cependant être porteuse d’un parasite, le Trypanosoma cruzi, responsable de la maladie de Chagas.
Bien sûr ce constat pourrait être susceptible d’évoluer dans le futur, mais les nombreux travaux conduits sur le sujet sont pour l’instant formels : la punaise de lit n’est le vecteur d’aucune maladie même si elle peut avoir indirectement des impacts lourds sur la santé de vos patients.
Voici les différentes études de référence sur la punaise de lit et son potentiel comme risque vectoriel :
Salazar R, Castillo-Neyra R, Tustin AW, Borrini-Mayorí K, Náquira C, Levy MZ. Bed bugs (Cimex lectularius) as vectors of Trypanosoma cruzi. Am J Trop Med Hyg, 2015
Reinhardt K, Naylor RA, Siva-Jothy MT. Potential sexual transmission of environ mental microbes in a traumatically inseminating insect. Ecological Entomology 2005
Delaunay P, Blanc V, Del-Giudice P, Levy-Bencheton A, Chosidow O, Marty P, Brouqui P. Bed bugs and infectious diseases. Clinical Infectious diseases, 2011
Klempner MS, Unnasch TR, Hu LT. Taking a bite out of vector-transmitted infectious diseases. N Engl J Med 2007
Burton GJ. Bedbugs in relation to transmission of human diseases. Review of the literature. Public Health Rep, 1963