Vous l’avez sans doute compris, l’éradication des punaises de lit au domicile de vos patients est loin d’être une partie de plaisir. Le protocole est malheureusement souvent long et complexe car les punaises sont particulièrement résistantes.
Il existe bien sûr des modes de traitement plus ou moins contraignants, en particulier en ce qui concerne le traitement du linge et des papiers, mais plus le traitement est « confortable » plus il va être coûteux (jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour certains traitements dits par « canon à chaleur »).
Il est donc indispensable de donner à vos patients quelques informations clés pour leur permettre de réaliser ce travail le plus rapidement et le plus efficacement possible afin éviter qu’ils se dispersent, s’épuisent, et à terme qu’ils engagent des frais supplémentaires.
Nous avons créé une page à destination de vos patients qui regroupe l’essentiel de la méthodologie et que vous pouvez leur communiquer : Le guide de survie face aux punaises de lit.
Les erreurs à ne pas commettre
Commençons par lister les erreurs courantes à ne surtout pas commettre lorsque l’on a des punaises de lit :
Erreur 1 : Jeter ses meubles et ses affaires

C’est inutile, sauf dans le cas de meubles particulièrement complexes et très infestés (par exemple des canapés-lits déchirés) cela ne sert absolument à rien. Quelque soit le mode de traitement choisi, il sera tout à fait suffisant pour traiter les meubles.
C’est inefficace, les punaises de lit ne sont pas uniquement dans les lits et les sommiers, elles se cachent aussi sous les plinthes, entre les lames de parquet, dans les dressings, les livres… Bref même en vidant complètement l’appartement il en restera toujours quelques-unes qui suffiront à relancer l’infestation.
C’est contre-productif, en déplaçant ainsi des meubles vos patients risquent d’éparpiller les punaises de lit et de rendre le traitement moins efficace. Par ailleurs, ils pourraient aussi en disséminer dans l’immeuble et ainsi infester les voisins qui risquent à leur tour de les réinfester quelques mois plus tard.
C’est coûteux, le traitement des punaises de lit représente déjà un budget, il n’est pas nécessaire de rajouter des frais d’ameublement à cette addition.
Erreur 2 : Quitter sa chambre ou l’appartement pour éviter les piqûres

C’est le meilleur moyen d’étendre l’infestation au reste de l’appartement, et ainsi de rendre le traitement plus complexe. En effet les punaises de lit peuvent détecter la présence humaine à plusieurs mètres de distance. Elles sont plutôt casanières et se déplacent peu dans des conditions idéales, cependant si elles sont privées de nourriture, elles vont simplement se déplacer et aller s’installer dans une pièce occupée. Le répit sera donc de courte durée et très rapidement un plus grand nombre de pièces sera touché, ce qui va rendre le traitement plus complexe en créant plusieurs foyers.
Par ailleurs, dans le cas d’un traitement chimique, il est absolument indispensable de continuer à dormir dans l’appartement et dans les pièces touchées. L’insecticide ne tue pas les punaises immédiatement, c’est sa rémanence qui fait son efficacité. Il faut donc donner aux punaises de bonnes raisons de se déplacer durant toute la durée du traitement, afin qu’elles entrent en contact avec l’insecticide et meurent. Ce n’est pas très agréable, mais il est donc clé que vos patients jouent le rôle de « fromage sur la tapette à souris ».
Erreur 3 : Ne pas en parler autour de soi

C’est le meilleur moyen d’être réinfesté une fois le traitement réalisé. En effet, les punaises viennent peut-être de chez une personne en contact régulier avec vos patients (parents, amis, femme de ménage, nounou…) et/ou ces personnes ont pu être infestées à leur tour au contact de vos patients. Même si ce n’est pas très flatteur, il est donc très important que vos patients en parlent autour d’eux afin de permettre aux personnes éventuellement infestées dans leur entourage de prendre en charge le problème au plus tôt, et ainsi d’éviter de les recontaminer une fois l’infestation éradiquée.
C’est aussi prendre le risque de l’isolement. Prendre en charge une infestation de punaises de lit est déjà épuisant tant moralement que physiquement, il est donc important de pouvoir « vider son sac » auprès de proches pour que la situation reste gérable. Les pathologies psychiatriques graves associées aux punaises de lit sont bien souvent liées au moins en partie à ce sentiment d’isolement.
Bien sûr il faut recommander à vos patients de n’inviter personne chez eux, et de bien traiter leurs affaires lorsqu’ils se rendent chez des proches, pour ne pas prendre le risque de contaminer plus de monde.
Erreur 4 : Traiter par soi-même

C’est au mieux inefficace. Un traitement réalisé par un technicien professionnel, formé et expérimenté, à l’aide d’insecticides professionnels dont la vente libre est interdite ou de machines professionnelles coûtant plusieurs milliers d’euros a un taux d’efficacité de l’ordre de 80% quand l’ensemble du protocole est bien réalisé. Prendre en charge une infestation de punaises de lit seul à l’aide d’insecticides ou de machines grands publics n’a donc aucune chance de fonctionner, sauf dans le cas d’une infestation extrêmement récente (3 semaines grand maximum).
C’est souvent contre-productif. Les insecticides grands publics contre les punaises de lit, qu’ils soient vendus en grande surface, en pharmacie ou en boutique spécialisée sont des versions extrêmement diluées des insecticides professionnels. Lorsqu’ils sont utilisés, ils dispersent bien souvent les punaises au sein du logement. En plus une sélection naturelle a lieu favorisant les souches les plus résistantes aux différentes molécules. Une fois ce traitement en échec, le traitement professionnel a donc moins de chance de fonctionner du premier coup.
C’est parfois dangereux. Si les précautions d’usage ne sont pas bien respectées, ces molécules insecticides sont bien sûr dangereuses en particulier si l’exposition est régulière (parfois plusieurs mois de traitement « maison »). Attention aussi aux insecticides naturels, de plus en plus mis en avant sur internet comme la terre de diatomée. Cette silice naturelle présente en effet une relative efficacité contre les punaises, mais elle se présente sous la forme d’une poudre fine particulièrement volatile et facile à inhaler qui cause des lésions des voies respiratoires pouvant conduire à des fibroses pulmonaires.
C’est toujours coûteux financièrement et en énergie. Tous ces produits soi-disant miracles en allant des huiles essentielles répulsives jusqu’aux insecticides ou encore aux machines vapeur reviennent vite très cher. Le coût d’un traitement maison bien réalisé est de l’ordre de 200 à 250€ pour un 50m2 contre 350€ environ pour un traitement professionnel. Dans la mesure où ces traitements maison seront inefficaces dans la quasi-totalité des cas, c’est donc un budget conséquent jeté en l’air au détriment d’une intervention sérieuse qui sera d’autant plus efficace qu’elle sera précoce.
Erreur 5 : Se jeter sur la première entreprise venue
Nous l’évoquons plus en détail dans la section suivante, mais c’est prendre le risque de dépenser beaucoup pour un traitement inefficace. Nous l’avons vu, faire appel à un professionnel c’est bien, faire appel à un professionnel sérieux c’est mieux. Nombre d’entreprises peu scrupuleuses profitent de la détresse des personnes touchées, ou de leur panique face au travail à réaliser, pour promettre mont et merveilles.
Mieux vaut donc prendre le temps de comparer les prix, les garanties, les avis et les protocoles.
Erreur 6 : Ne pas respecter intégralement le protocole

C’est prendre le risque de devoir réaliser et payer de multiples traitements. Bien sûr cela représente un travail parfois extrêmement important en particulier en ce qui concerne le traitement du linge (même si des entreprises spécialisées peuvent désormais récupérer le linge, le surgeler et le relivrer par la suite). Malheureusement il est indispensable de traiter son linge et de respecter les consignes (par exemple continuer à occuper l’appartement et ne pas nettoyer les sols après un traitement chimique) pour que le traitement fonctionne.
C’est aussi prendre le risque de se retrouver dans une situation incontrôlable. Chaque traitement qui ne fonctionne pas rend le traitement suivant plus complexe, car les punaises qui ont survécu se sont réfugiées dans des zones moins accessibles et sont plus résistantes aux molécules. Mieux vaut donc prendre une semaine supplémentaire pour bien préparer l’appartement et maximiser l’efficacité du traitement, plutôt que de se précipiter.
Erreur 7 : Prendre un traitement antihistaminique à la fin du traitement
C’est prendre le risque de ne pas s’apercevoir que le traitement n’a pas fonctionné. En effet lorsque les punaises sont peu nombreuses, il est quasi impossible de les voir, a fortiori après un traitement puisqu’il n’y a aucun moyen de savoir si les traces de leur présence datent d’avant le traitement ou non. Le seul indicateur est donc l’apparition des lésions cutanées caractéristiques. Il vaut donc mieux arrêter tout traitement antihistaminique quelques jours après le traitement afin de s’assurer qu’il ne masque pas de nouvelles piqûres.
Le choix du mode de traitement et de l’entreprise
C’est donc une étape déterminante qui mérite que vos patients y accordent un peu de temps.
Le choix du mode de traitement
Nous avons dédié un article complet aux différents modes de traitement pour éradiquer les punaises de lit, leurs avantages et leurs inconvénients. Mais pour l’essentiel, le choix du mode de traitement ne se fait pas en fonction de l’efficacité, tous affichent un taux de succès de l’ordre de 80% (exception faite des traitements vapeur qui sont moins efficaces dans des appartements anciens). Le choix d’un mode de traitement ou d’un autre peut donc se faire en fonction de 4 critères :
- Son prix : de 350€ à 3000€ pour 50m2 en fonction de la méthode choisie
- Sa durée avant efficacité : de 1 jour à 1 mois
- L’exposition ou non à des insecticides : en particulier pour les personnes souffrant de troubles respiratoires
- La lourdeur du protocole préparatoire
Pour vous faire une idée rapide de ces différents éléments, vous pouvez lire la section « choisir votre stratégie de traitement » du guide de survie face aux punaises de lit dédié à vos patients.
Le choix de l’entreprise
Les « filous » sont nombreux et savent très bien sur quels critères insister pour vendre des prestations inefficaces, ou beaucoup trop chères (ou les deux). Lorsqu’ils réalisent des devis, un certain nombre d’éléments doivent mettre la puce à l’oreille de vos patients :
- Une entreprise qui réalise un traitement chimique en un seul passage. C’est impossible, les insecticides n’éliminent pas les œufs qui mettent 15 jours à éclore, or après 15 jours il n’y a plus de rémanence du produit.
- Une entreprise qui promet un traitement efficace à 100%, c’est malheureusement impossible. En revanche il est capital d’exiger une garantie de résultat écrite pour que le professionnel repasse gratuitement en cas d’échec.
- Un protocole ou un insecticide spécial qui ne nécessite pas de traiter le linge. Ça fait rêver, malheureusement le seul qui existe réellement c’est le canon à chaleur, et il coute entre 2000€ et 3000€ pour 50m2.
- Des prix déconnectés du marché. Il existe désormais des comparateurs d’entreprise de traitement contre les punaises qui permettent de se faire en 3 clics une idée assez précise de la fourchette de prix normale pour un traitement donné.
Le travail qui doit être réalisé par votre patient
Sauf dans le cas spécifique des traitements par canon à chaleur, le protocole préparatoire est peu ou prou le même pour l’ensemble des modes de traitement. Encore une fois les deux maîtres mots pour vos patients sont rigueur et organisation.
Toutes ces consignes sont bien sûr reprises sur la page dédiée à vos patients.
Le protocole de traitement du linge et des papiers
Le linge (vêtements, rideaux, linge de maison…) et les papiers (livres, journaux, administratifs…) doivent être emballés préalablement à l’intervention de l’entreprise afin qu’ils ne servent pas de refuge aux punaises de lit durant toute la durée du traitement.
Comme il n’est pas exclu que des punaises soient déjà présentent dans ces affaires, elles doivent être ensuite traitées par vos patients, puis réemballées jusqu’à ce qu’il soit sûr que les punaises sont éradiquées.

Pour ce faire 5 solutions :
- Soit un lavage à 60°C et un passage 30min au sèche-linge
- Soit un lavage à 90°C
- Soit la congélation 5 jours à -18°C (congélateur domestique)
- Soit le stockage 18 mois dans des contenants hermétiques (c’est la durée maximale de survie d’une punaise sans s’alimenter)
- Soit le recours à des entreprises spécialisées dans la surgélation des affaires (plus de détails dans la section suivante).
Ce travail de traitement n’a pas besoin d’être réalisé en amont de l’intervention du professionnel. Il faut simplement emballer les affaires avant sa venue, elles peuvent être traitées bien plus tard.
Les solutions pour faciliter le travail de traitement du linge et des papiers
Dans un certain nombre de cas, ce travail parallèle de traitement du linge et des papiers est absolument impossible soit en raison d’un trop grand nombre d’affaires, soit de l’état de santé de vos patients par exemple.
Dans ce type de situation, 3 solutions peuvent exister, même si toutes vont représenter des dépenses supplémentaires :

Le recours à des entreprises spécialisées dans le traitement du linge et des livres contre les punaises de lit. Ces dernières viennent sur place récupérer les sacs et cartons d’affaires (parfois même des meubles) et les transportent dans des conteneurs à -40°C pendant plusieurs jours afin d’éliminer les punaises. Les affaires sont ensuite relivrées chez leur destinataire sans punaises. C’est une solution particulièrement bien adaptée pour les petits appartements encombrés – Le coût de cette démarche est d’environ 15€ à 20€ par sac de 100L d’affaires.

Le recours à la détection canine, en effet des chiens sont désormais entrainés à détecter les punaises de lit. Ce type d’intervention peut permettre d’identifier les pièces touchées et les pièces saines afin de concentrer les efforts de traitement du linge uniquement sur les pièces touchées. C’est une solution particulièrement intéressante dans des appartements de plus de 60m2 faiblement infestés, où la probabilité que certaines pièces soient saines est forte – Le cout d’une détection canine est d’environ 200€ pour 50m2.

Le choix d’un traitement par canon à chaleur. Ce mode de traitement permet de faire monter l’ensemble de l’appartement et de son contenu à plus de 60°C pendant plusieurs heures. Il n’est donc pas nécessaire de traiter le linge en parallèle ni de préparer vraiment l’appartement. Ce type de solution est très adapté aux personnes n’ayant pas la capacité physique de réaliser ce travail préparatoire – Le coût du traitement est très élevé au vu de la logistique en jeu, de l’ordre de 2 000€ à 3 000€ pour 50m2