Les autres indices pour confirmer un diagnostic de punaises de lit chez votre patient (insectes, déjections, oeufs…)

Comme vous l’avez compris, un simple examen physiologique ne peut pas suffire à poser de manière certaine un diagnostic de punaises de lit. En effet les lésions cutanées consécutives aux piqûres sont très peu spécifiques et très variables en fonction du niveau de réaction allergique de votre patient.

En cas de suspicion ce diagnostic va donc devoir être confirmé en 2 étapes :

1. Un interrogatoire détaillé lors de la consultation, pour identifier d’éventuelles situations à risques et/ou d’autres indices
2. Faute d’éléments probants lors de cet interrogatoire, une inspection par vos patients de leur logement à la recherche des traces caractéristiques de la présence de punaises de lit.

La version vidéo juste ici :

Pour une version extrêmement condensée, vous pouvez consulter notre guide de consultation punaise de lit qui regroupe tous les conseils essentiels et une aide au diagnostic.

L’interrogatoire en cas de suspicion de punaises de lit

L’objectif de l’interrogatoire consécutif à une suspicion de punaises de lit chez vos patients va être d’identifier 3 types d’indices :

• Une situation à risque pouvant expliquer le début de l’infestation
• Une évolution des symptômes en cohérence avec cet évènement
• Éventuellement l’identification par votre patient lors de la consultation de traces caractéristiques qu’il aurait pu identifier chez lui.

Les situations à risque les plus courantes

Il existe presque une infinité de moments au cours desquels vos patients ont pu attraper des punaises de lit, en effet ces dernières peuvent se glisser dans une poche, un sac, sur un manteau ou dans un objet. Il est donc théoriquement possible de récupérer des punaises de lit dans le métro par exemple. Cependant les punaises de lit ne s’accrochent pas très bien sur nous, c’est donc possible, mais très peu probable.

Il existe en réalité 6 types de situations qui peuvent expliquer à elles seules 90% des infestations de punaises de lit :

• Les voyages, si votre patient a séjourné dans un hôtel, un Airbnb ou une location de vacance malheureusement infestée de punaises. Attention, contrairement aux idées reçues le standing et la propreté du logement n’ont absolument aucun impact. Il suffit malheureusement qu’un des occupants précédent en ait ramené.
• Les proches, les voisins, les nounous… s’ils sont touchés. Si récemment votre patient a séjourné ou accueilli un proche touché, il a pu à cette occasion amener des punaises de lit dans son logement. De la même manière si un de ses voisins est touché, les punaises ont pu migrer soit par soi-même soit lors de l’évacuation par la cage d’escalier d’un sommier touché par exemple.
• Les achats d’occasion et la récupération, en effet il n’est pas rare que lors d’une infestation des personnes se débarrassent de meubles ou d’affaires infestés. Ces objets finissent bien souvent dans la rue et sont ensuite récupérés soit directement par vos patients, soit par une tierce personne qui les propose ensuite en vente sur un site de seconde main.
• Les cinémas, ils ne sont à priori pas des lieux où les punaises s’installent souvent, cependant quand cela arrive, les infestations sont souvent très importantes tant les conditions sont idéales pour leur développement (pénombre quasi constante et source d’alimentation régulière).
• Les ré-infestations, elles sont malheureusement courantes, en particulier si le protocole de traitement du linge a été mal réalisé. Si votre patient a été infesté il y a plusieurs mois et a récemment réouvert des sacs d’affaires mal traitées et emballées depuis le traitement, les punaises qui survivent jusqu’à 18 mois sans se nourrir sont tout simplement ressorties.
• Les lieux de séjour régulier, comme la crèche des enfants, ou un lieu de travail à risque (infirmière à domicile par exemple). En effet si un de ces lieux est touché, vos patients ont pu récupérer quelques punaises dans leurs affaires et ainsi lancer l’infestation de leur logement.

Une évolution des symptômes cohérente avec le rythme biologique des punaises de lit

Pour en savoir plus sur la biologie de la punaise de lit, vous pouvez consulter notre page dédiée. Deux éléments essentiels sont à retenir pour évaluer la cohérence de l’évolution des symptômes chez vos patients :

• Les punaises de lit se reproduisent extrêmement rapidement. Chaque femelle pond 4 à 5 œufs par jour en moyenne. Au bout de 15 jours, ces œufs ont éclos et les nymphes commencent à piquer. 4 semaines plus tard, ces nymphes sont devenues des adultes capables de pondre elles aussi.
• Chaque punaise pique tous les 4 à 10 jours environ.

Dans un cas d’infestation « classique » vos patients vont ramener avec eux quelques individus (5 ou 6 grands maximum) durant les 2 à 4 premières semaines les symptômes vont donc être très légers (une à deux piqûres par semaine), en particulier si plusieurs personnes servent de garde-manger aux punaises. À ce stade les traces de la présence de punaises dans le logement de votre patient sont quasi indétectables même en réalisant une inspection minutieuse.

Au bout de 4 à 8 semaines, le rythme de piqûre s’accélère (1 à 3 piqûres par nuit) à mesure que la population croit. C’est souvent dans ce laps de temps que vos patients commencent à identifier un problème. À ce stade, avec un peu de chance, vos patients peuvent trouver une ou deux traces de punaises en inspectant minutieusement les zones à risque.

Au-delà de 8 semaines, la génération 3 de punaises commence à piquer, on a donc pu passer d’une population de 2 punaises au départ à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’insectes. Lors d’une inspection visuelle, vos patients doivent pouvoir trouver des traces de la présence des punaises de lit.

Au-delà de 4 mois, le rythme de piqûre devient très intense (sauf pour les patients non allergiques) et vos patients peuvent voir de temps à autre des punaises de lit se déplacer en pleine journée dans leur logement.

L’identification de traces caractéristique

Si les éléments collectés jusqu’ici ne permettent pas à ce stade de confirmer ou non la présence de punaises, vous pouvez demander à votre patient s’il a pu au cours des dernières semaines identifier un certain nombre de traces caractéristiques de la présence des punaises que nous décrivons ci-dessous. Si ce n’est pas le cas, mais que la suspicion reste forte, vous pouvez l’encourager à réaliser en rentrant une inspection détaillée. Pour cela vous pouvez lui communiquer le lien vers notre page guide de survie face aux punaises de lit qui détaille la marche à suivre et les conseils essentiels.

Les traces possibles de la présence de punaises de lit au domicile de vos patients

Vous trouverez ci-dessous une description et les photos des différentes traces de la présence de punaises de lit que vos patients pourraient identifier à leur domicile. Vous pouvez leur communiquer le lien du tutoriel plus détaillé que nous avons réalisé sur la page : Pour vos patients : guide de survie aux punaises de lit.

Attention cependant, comme nous l’évoquions précédemment durant les 6 à 8 premières semaines d’une infestation il peut être particulièrement complexe, voir impossible de détecter ces traces mêmes si des punaises ont élues domicile dans le logement de vos patients.

Les punaises aux différents stades de leur développement (œufs, nymphes, adultes)

La punaise de lit passe par 5 stades de développement au cours de sa vie, pour passer de l’œuf à l’adulte.

Pour passer chacune de ces étapes, elle devra piquer au moins une fois. L’ensemble du processus prend de 6 à 8 semaines si une source de nourriture est disponible, sinon la nymphe peut attendre jusqu’à 6 mois entre deux repas et donc entre deux développements.

Les œufs de punaises de lit

Ils ressemblent à de minuscules grains de riz translucides d’à peine 1mm de long, ils sont souvent regroupés par grappes dans les petits recoins sombres qu’affectionnent particulièrement les punaises (boudins du matelas, structure du sommier, plinthes…)

Les nymphes de punaises de lit aux différents stades de développement

De taille variable allant d’environ 1mm à 4 ou 5mm en fonction de leur stade de développement. Elles ressemblent beaucoup à un grain de sésame, tant par leur taille que par leur couleur jaune pâle. Si la nymphe vient d’effectuer un repas sanguin, son abdomen prend une teinte rouge à marron foncé.

Les punaises de lit adultes

On les compare souvent à un pépin de pomme dont elles ont la forme la couleur et la taille (environ 5mm). Quelque soit leur stade de développement, les punaises de lit sont très fines, moins d’1mm d’épaisseur, ce qui leur permet de se faufiler dans le moindre recoin obscur.

Les autres indices de leur présence : mues, déjections

Les punaises de lit fuyant la lumière et l’agitation, il est parfois plus simple de trouver des traces de leur passage. Elles en laissent deux types.

Les mues des nymphes

En effet à chaque fois que la nymphe de punaise de lit passe un stade de développement elle mue, laissant derrière elle une petite carapace jaune pâle et translucide de quelques millimètres.

Les déjections de punaises de lit

Ce sont de petites tâches noires imprégnées, qui ressemblent beaucoup à celle faite par un stylo plume qui aurait été secoué. Il s’agit presque exclusivement de sang séché et digéré, ces tâches partent donc assez mal au lavage ce qui peut permettre de les identifier sur les draps par exemple.

Les endroits où les trouver

Les punaises de lit ont tendance à se nicher et donc à laisser des traces de leur présence aux abords des zones de repas. Il est donc recommandé d’inspecter en particulier les recoins sombres et confinés (jointure des meubles, interstices…) dans les zones où vos patients se tiennent le soir et la nuit :

• Les sommiers et matelas (1,2)
• Les tables de chevet, les têtes de lit (4)
• Les cadres, livres et photos proches de la tête de lit (3,5,10)
• Les plinthes, les prises et espacement entre les lattes de parquets dans cette même zone (9,7)
• Les canapés et fauteuils (11)
• Les meubles rideaux et recoins proches (8,6)

Si l’on ne trouve aucune trace de punaise de lit

Durant les 6 à 8 premières semaines de l’infestation il est possible et même probable qu’une inspection consciencieuse de l’ensemble de ces zones ne suffise pas à détecter des traces de punaises. Dans ce cas deux solutions pour confirmer le diagnostic si l’ensemble des autres symptômes semblent pointer vers les punaises :

• Soit attendre quelques jours ou semaines et réaliser une nouvelle inspection. C’est une option tout à fait envisageable pour les personnes peu réactives aux piqûres pour qui la gêne est limitée. Il faudra simplement dans ce cas être particulièrement attentif lors des visites chez des proches et éviter de recevoir.
• Soit faire intervenir un maitre-chien spécialisé en détection des punaises de lit. En effet cette méthode inventée il y a 30 ans aux États-Unis est aujourd’hui de plus en plus répandue en France. Cette détection peut par ailleurs permettre d’identifier les pièces touchées et les pièces saines afin de concentrer le travail de traitement du linge seulement sur les pièces touchées.